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coinçée entre croyance et abandon, je décide alors de faire une sieste

alicia arco - mémoire de CFPI 2024/2025 - tutoré par Cynthia Monthier



ARTISTES-AUTEUR·ICE : UN STATUT MALTRAITÉ ET MECONNU

| d'étudiante à minima sociaux


Histoire d'avoir un revenu les premiers mois de ma sortie d'école, j'envoie par voie dématérialisé à la CAF du Rhône jeudi 28 septembre 2023, le jour de mes 25 ans, une demande d'ouvrerture de mes droits au Revenu de Solidarité Active (RSA). En juillet, je quittais mon appartement parce que j'étais en sous location pour ma dernière année aux beaux arts. C'était psychologiquement laborieux : retour chez les parents. Quite à perdre en santé mentale, j'aurais fais quelques économies pour payer la cotion de mon futur appartement. Le même mois de ma demande de RSA, j'envoie un mail au SNAPcgt Lyon pour les rencontrer et être sûre de savoir si j'ai envie de m'engager. Vers Part Dieu, dans un bar, je rencontre une camarade qui m'explique comment ca fonctionne. Iel est syndiqué·e depuis 1an. Iel me demande ce que je fais comme travail artistique pour me conseiller une organisation de gestion collective (OGC) qui me correspondrait. Je lui décris avec hésitation. Enfait j'avais aucune idée que la rémunération en droit d'auteur·ice fonctionnait en partie comme ça. Iel me dis que je suis dans le champ des arts visuel. Chose que j'avais pas encore très bien capté après 6ans d'études aux beaux arts : effectivement, il y a des champs différents et effectivement globalement je fais des arts visuel. Mais quand est-il de se travail d'intervention (workshops, ateliers) presque même de discution, de relation, d'enquête que je mène dans mes sujets de travail mais aussi avec la communauté des Récupérathèques ? Il a aussi ce travail "institutionnel" dans les écoles que je ne sais pas comment nommer. Je m'adhère, je suis encore dans le brouillard, quand je serais en confiance avec comment tout ça s'organise, je me sentirais plus à l'aise de porter des revendications sur les moyens de production des artistes (ateliers, matériaux, stockage, etc.). J'assiste aux réunion de Lyon le temps de trouver un appartement. Le 14 décembre il y a un évènement à au CCO La Rayonne à Villeurbanne, les tables rondes sont enregistrées par la radio R22 (écouter ici ). Le lieu n'est pas très loin de l'ancienne entreprise Rhône Poulenc, encore plus bas il y a le quartier de la TASE où une partie de ma famille à habité. C'est un moment où plusieurs de mes mondes ont convergés : le chez moi intime, le "j'aime pas la ville de Lyon" et le chez moi à quoi j'aspire, le pourquoi j'ai fais mes études dans la culture.

Je fini par enménager dans un appartement en décembre. J'ai menti sur mon statut fiscal et falcifié des documents : je suis "étudiante" pour rassurer mon agence que j'allais payer mon loyer. J'ai en tête de monter une branche du snap cgt, un espace qui ferait se catalyser cette spécialité strasbourgeoise où plusieurs champs cohabitent : artisanat, art visuel, spectacle vivant, design. Je promets à ma famille de trouver un "job alimentaire" en 1 semaine. Je n'ai pas réussi, au fond je n'ai pas envie et j'ai déjà pas mal de travail : fin janvier j'ai un workshop de montage de Récupérathèque à animer avec la Fédération des Récupérathèques, ca compte comme un job alimentaire ou pas ?

Je commence à attérir : je suis dans la case minima sociaux : les artistes-auteur·ices n'ont pas de statut social complet ni de droits sociaux fondamentaux tels que la reconnaissance des accidents du travail et des maladies professionnelles, de l’assurance chômage ou des congés payés. Non plus les élections professionnelle. Je suis sous l'eau, j'ai pas un sous et je suis vénère : pour bien m'organiser il faut que j'ai un hygiène de vie.

Les premiers mois où j'enménage, je vis sur le RSA que j'avais mis de côté. Assez rapidement, je suis de nouveau affiliée à la CAF du Bas-Rhin. J'ai reçu une lettre et un appel : il faut que je signe un "contrat d'engagement réciproque" avec la Collectivité Européenne d'Alsace. Pendant 6 mois je me fais suivre par "job coaching" dont la mission est de m'accompagner sur un "retour à l'emploi". Je lui décris mon activité, iel se rend compte que j'ai pas mal de choses à faire, c'est juste que je ne touche pas encore le fruit de mon travail. C'était la première fois que lea conseiller·e avait devait accompagner un artiste-auteur. Au fur et à mesure de nos discutions, on fini par avoir un objectif commun : réussir à me faire financer mon permis de conduire pour que je puisse candidater à des résidences. En mai, j'essaye de monter une branche du SNAP, ça ne prend pas du tout, je m'y prend mal. De retour au permis, les démarches sont longues mais ça fonctionne. Entre temps, vers juin, je candidate au CFPI et je change de conseiller·e RSA, je suis maintenant suivit par Info Conseil Culture (ICC).



| expérience gouffre frôlé de peu

Pendant ma cinquième année, j'ai participé à un workshop animé par un duo d'artiste dont la rencontre avait été charnière et qui avait encré mon envie de continuer dans le champs de l'art. Dans leur travail, iels ont une approche d'étude des territoires par la nommination et le dessin d'éléments inter-connectés qu'iels cultivent par une attentivité accrue des lieux cotoyés. J'étais impressionné par leur façon de travailler et par ce qu'un simple espace de discution arrivait à catalyser : faire se croiser des langages, des pratiques et des communautés. Pendant le workshop, mes ami·es étaient mal à l'aise avec le fait qu'il y ait toujours un rapport genré sur la distribution de la parole entre le duo, avec toujours la même personne qui parlait et toujours la même personne qui déchiffrait le flux de discution par la prise de note. Nous voulions aussi prendre le stylo, mais ça restait encore flou : quel étaient les codes ? qu'est-ce que qu'on pouvais ou ne pouvais pas écrire ? c'était quoi la consigne déjà ? devais t-on se limiter à la parole ?
Gardant en tête l'expérience incroyable de leur première rencontre même après l'école, je leur envoie début janvier un mail, ca donnait ca :

"Bonjour,
[...] étant maintenant davantage disponible pour de nouvelles aventures, je me permet de vous adresser cette bouteille à la mer. Si vous avez besoin d’une quelconque aide technique opérationnelle, d’assistance à la réalisation ou à l’impression de cartes, à la rédaction de texte, à la prise de vue, etc. : je suis partante ! [...] étant également animée par des questions de sciences sociales, de luttes écologiques, de traduction et de transmission, de production agricole aujourd’hui, d’action publique : j’ai l’intuition que ce pourrait être l’occasion d’une belle rencontre. Si cette bouteille à la mer vous a suscité de la curiosité, je vous invite à consulter mon portfolio et mon cv en pièce joint 😊
Je vous souhaite une très belle année 2024 !
Belle journée à vous,"

Fin mars, je me fais recontacté par l'un·e du duo : iels ne pouvent pas répondre positivement à ma demande parce qu'iels ont déjà des stagiaires. Mais je ne demandais pas de stage, plutôt une envie de collaborer, de travailler avec elleux. Est-ce qu'elle a bien lu mon mail ? Iel me dit qu'une place avec hébergement se libère vers le 15 avril, si cela m’intéresse toujours, je serais la bienvenue. Iel dit se souvenir de moi et de tes réflexions et que mon profil redynamiserait la Recyclerie du lieu. On prévoit donc un appel téléphonique où je lui explicite que je souhaite candidater CFPI pour l'année qui vient et que nous pouvions effectivement penser un format de stage mais plutôt sur cette période de janvier à avril de l'an prochain. Une fois au téléphone, iel m'explique brievement comment le lieu fonctionne et me propose un service civique pour la mission de la recyclerie qui pourrait compter comme mon stage de CFPI. Je lui explique que j'ai bientôt 26 ans fin septembre et que si nous optons pour cette option il faut que je commence le service civique avant. Je l'informe aussi du fait que j'aurais impérativement besoin de rentrer une semaine par mois pour faire ma semaine de formation au CFPI et que je n'étais pas en mesure de financer mes billets. Je sens une tension, iel me met un petit coup de pression en me disant que pour faire tourner la recyclerie il faut que je soit présente si non ça ne va pas le faire. Je comprend qu'iels cherchent quelqu'un·e pour tenir la recyclerie, quelqu'un·e d'opérationel, qui a une approche du réemploi. A cette époque j'avais un autre plan de service civique avec la Fédération des Récupérathèques et j'avais besoin d'être sûre qu'iels allait me prendre pour un service civique avant mi avril. Je lui répond alors que de toute façon j'adore leur travail donc pour moi c'est oui et je trouvais une solution de planning pour réaliser 24h de service civique dans le mois. Elle me propose de venir sur place; la semaine du 15 avril ne convient plus donc nous prévoyons une date début mai. Je me sens obligé de dire non à la Fédération parce que le lieu dans ce lieu d'expérimentation sociale dans lequel iels habitent m'interesse trop. J'arrive donc en train, je suis accueilli par la personne que j'ai eu au téléphone. Une fois sur place elle me fait une visites des lieu mais elle me dit qu'elle n'a que 1h et que les trois jours qui suivent iel doit partir pour des rencontres dans le cadre de son travail d'enseignant·e. Je me sens prise de cours, je ne connais personne à par iel et le lieu est immense, impossible de faire le tour de tout. On commence à visiter la Recyclerie, elle occupe la moitier d'une ancienne grange. L'autre partie était aménager en un théatre mais il ne peut plus accueillir des publics parce qu'il n'est pas aux norme. Du côté de la recyclerie le batiment est en piteuse état : tout est humide, il y a un trou dans le toit, il faut faire attention où on marche, on ne peut pas monter au grenier parce qu'on risque de passer à traver, en plus de ca les matériaux, objet et vêtement en on pris un coup. Iel m'explique qu'en hivers il fait très froid mais que qu'iel ont fait quelques travaux : une petite fenêtre à été obstruer et le trou dans le toit à été baché. Je regarde le délire, je ne dis rien mais je commence à m'inquiéter, ces réparations ne servent à rien en vue de l'état de la batisse. C'est hyper dangeureux, je lui demande qui actuellement travaille dans ce lieu, iel me dis qu'il y a seulement les services civique étranger·es y travaillent et que ponctuellement iel donne des coups de mains. Ce qui m'inquiète le plus c'est qu'iel n'a pas l'air d'avoir conscience de sa responsabilité en tant que référent·e de service civique pour les faire travailler dans de telles conditions.Pendant la visite l'artiste me propose des activités à faire pendant qu'elle n'est pas la : ranger le stock, travailler avec les services civique, organiser, iel me communique les ouverture du lieu et me donne les clés. Ca me choque, je ne suis pas là pour travailler ! La visite du lieu est terminé, iel me demande mes premières intuitions quant à la réalisation de ce service civique : je lui dis que je serais interessé de revoir collectivement le fonctionnement du lieu (gouvernance, système d'échange), qu'ensuite un est nécéssaire avant tout travail, d'un besoin de signalétique puis d'une envie de proposer des activités avec les publics comme de la construction. Iel me sort : mais pourquoi tu ne ferais pas des sculptures avec ces matériaux ? Gloups. Je lui répond que pour moi faire vivre un lieu, "habiter en artiste" (5) est déjà une forme de création et que dans la dynamique du CFPI, il est nécéssaire que je travaille avec des publics. Iel n'est pas d'accord avec ce que je propose... Malaise, mais ok continuons. Je commence à serieusement m'inquiéter. N'arrivant pas à lui dire ce que je pense de la dangereusité du lieu et de la charge de travail que ça nécéssite en terme de manutention, je me laisse le temps de comprendre où est-ce que je pourrait avoir une place dans ce projet, alors, je lui pose à maximum de questions pour voir ce qu'elle répond. Je lui demande comment est-ce qu'iels comptent faire les chantiers. Le projet étant un lieu d'expérientation sociale basée sur la question de la sortie de la propriété, il y a un résignement à ne pas dépendre de financements publiques pour exister. L'économie de la recyclerie est basée sur le travail des services civiques et des bénévoles permettant ainsi les ventes.

Le lieu d'expérimentation sociale comprend un lieu d’habitat collectif (gite et yurts), des champs, une école steiner, une recyclerie (meubles, livres, objets divers, ustensiles de cuisine, matériel de sport, etc.), une gratuiterie (vêtements) et un magasin bio qui est en faillite parce qu'il s'est prit un contrôle URSSAF. Après la visite on se pose en dessous d'un bâtiment en construction qui est dédié aux réunions, conférences, projections si je me souviens bien. Iel me dit en toute honneteté que le lieu ne va pas fort, qu'il y a des conflits inter-personnels. Pendant longtemps, les membres de ce lieu avait reproché aux artistes de prendre systématiquement le stylo, de monopoliser la prise de note et d'en faire des cartes. Certaines personnes ne participe plus aux réunions à cause de mésententes.

Avant qu'on se quitte, je lui demande comment est-ce que ca se passe pour le transport, l'hébergement etc. si j'accepte le service civique pour que je puisse poser ca à l'écrit et qu'on puisse dans la semaine se mettre d'accord sur le contenu du contrat et l'acter. Iel me dit que je devrais payer un loyer de 80euros. Je fais mon calcul :
dépenses
200€ de nourriture
500€ de loyer + charges dans le lieu où j'habite déjà
33€ de cotisation urssaf (a l'époque j'etais à 92€ tous les 3mois en faisant la modulation)
= 813€

"recettes"
619€ de service civique
198€ d'APL CAF Grand Est
= 817€

il me resterais donc en cas d'urgence 4 euros
j'apprend plus tard qu'il s'agit de 120€ de loyer moins les apl si je transfert mon dossier CAF dans la région. Il faut 6 mois pour transférer un dossier CAF aujourd'hui en France. Je commence à me dire que c'est mort mais bon, je suis la pour une semaine autant rester.

Iel doit s'en aller et me propose de se recontrer demain dans sa maison avant son départ. Je rentre au gîte, c'est sale, je néttoie et je dors longtemps. Je me lève et je rencontre une personne qui travaille à la ferme d'à côté et qui loge au gîte, on a fait nos études dans la même ville, iel souhaite se reconvertir dans l'élevage. Je lui parle de la recyclerie et de l'état du lieu, sa réaction me surprend : iel commence à être passif·ve/agressif·ve avec moi en me disant que je ne connais pas l'endroit, le projet, ni les public. Je me sens bizaroïde : peut-être qu'iel à raison, mais le trou dans le toit, il est réel non ?

Le lendemain matin je me rend chez le duo d'artiste, c'est le petit déjeuner. L'artiste qui m'a fait la visite hier me présente comme étant encore étudiante et me demande de présenter mon travail. Je leur demande si iel ont jeté un oeil à mon portefolio avant de m'accueillir, iel me disent que non. L'autre artiste ne se souvenait pas de moi pendant le workshop, iel l'excuse en disant qu'il a du mal à se souvenir des gens. Je commence à avoir un rire nerveux, je passe même pas 3min pour presenter mon travail qu'iels doivent partir à la gare.
A la cantine, je rencontre les services civiques allemand, iels sont un peu en retrait du reste des habitant·es, en discuttant avec elleux, iels me disent qu'iels nont pas le droit de participer aux réunions. L'un·e d'entre elleux travaille à la recyclerie l'apès midi, je lea rejoins. Je me renseigne sur son quotidien dans ce lieu, ce qui lui est demandé de faire lorsqu'iel travaille à la recyclerie, les initiative qu'iel peut prendre, etc. : je lea sens désabusé·e. Je décide de ranger l'endroit dédié à la "caisse", je fais un plan du lieu en l'état (voir fig. 0), liste les matériaux présent, propose des typologie de réunions et lui propose qu'on construise une signalétique en bois de cagette. Iel me dis que ce n'avais jamais été fait en 1 an, l'énergie que je donne lui donne de l'énergie. Iel propose une réunion dans la semaine et m'ajoute au groupe whatsapp recyclerie.